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FAMILLE DES PINACEES les essences de térébenthine a – Définition
de l’essence de Térébenthine : On
désigne sous le nom d’essence de Térébenthine, le produit volatil entraînable
à la vapeur d’eau de l’oléorésine obtenue au cours d’opération de
gemmage sur les diverses variétés de Pin. Cette oléorésine porte
d’ailleurs le nom de « gemme ». b – La
gemme et sa récolte : · La gemme provient de diverses variétés de pins. Citons : · la gemme produite aux Etats Unis qui est obtenue à partir
du Pinus Palustris, et Pinus Heretophylla, · la gemme produite en France qui provient de Pinus Maritima, · la gemme produite au Portugal qui provient de Pinus
Maritima et de Pinus Pinea, · la gemme produite en Grèce qui provient de Pinus
Alepensis, · la gemme produite en Inde qui provient de Pinus Longifolia. Voici
quelques chiffres concernant la production de la gemme (G. DUPONT) :
Voici
la description du procédé de récolte de la gemme, tel qu’il est pratiqué
dans la forêt landaise : La
résine, élaborée par les « cellules résinogènes » du pin,
cellules situées dans les couches jeunes du tronc, se rassemble dans des
vacuoles allongées, formant des canaux résinifères. Pour qu’elle s’écoule
à l’extérieur, il faut ouvrir ces canaux par une entaille pratiquée dans
l’écorce et intéressant le bois. C’est cette plaie nommée carre que l’ouvrier (le gommeur) vient ouvrir en Mars à la
base de l’arbre. Sur cette plaie ruisselle l’oléorésine qui s’écoule
dans un pot (le pot Hugues) fixé à la base de la carre. La gemme cristallise
partiellement ; très rapidement, par suite de cette cristallisation,
l’écoulement s’arrête ; pour qu’il reprenne, on doit déboucher
les canaux par une nouvelle entaille. Tous les huit jours, au printemps, plus
fréquemment en été, l’ouvrier vient, avec une hache spéciale (le
hapschot) enlever un copeau de bois à la partie supérieure de la carre :
c’est l’opération de piquage ». Tous
les mois environ, le pot se trouve plein de résine et l’ouvrier doit en
extraire le contenu : cette récolte s’appelle l’amasse. On pratique 7
à 8 amasses par saison. En Octobre, l’écoulement cesse ; on récolte,
par grattage, la gemme qui reste sur la carre, et l’arbre se repose jusqu’au
printemps où l’exploitation recommence. Un
arbre est ainsi normalement gemmé de 25 à 65 ans ou plus, après quoi il est
abattu. Quatre ans avant d’abattre les arbres, on multiplie sur le tronc les
carres afin d’en extraire le maximum possible de résine. C’est le gemmage
à mort. Le rendement moyen par carre et par an est en France de 1.8 kg de
gemme, ce qui donne 340 kg en moyenne par hectare de forêt exploitée »
(G. DUPONT).
c –
Composition de la gemme : La
composition moyenne de la gemme de pin est la suivante :
Ces
acides résiniques sont de la classe des diterpènes de formule brute :
C20H30O² - acide levopimarique - acide
dextropimarique - acide
dextrosapinique et abietique d –
Traitement de la gemme : Le
traitement de la gemme a pour but de séparer l’essence volatile de la
colophane qui ne l’est pas. Ce traitement se fait d’ordinaire dans la région
même de la production. Il comporte deux opérations principales : 1 – Le térébenthinage qui consiste en une fusion de la gemme à 90° avec 0.5% de sulfate de
soude et filtration destinée à éliminer la majeure partie des impuretés
organiques (telles que copeaux de bois…). On abandonne ensuite au repos :
l’eau se rassemble au fond en entraînant les impuretés minérales (telles
que sable et terre). La
résine fondue se rassemble à la surface. Elle a l’apparence d’une résine
blonde et brillante et elle constitue la Térébenthine. On
peut utiliser un appareil à gemme de type ancien et de fonctionnement très
simple, ou bien des appareils chauffés par faisceaux tubulaires de vapeur
(appareil Tixier ou appareil Ropars) ou encore des appareils en continu
(appareil en continu à la vapeur de l’institut du Pin). Ce dernier comporte
une colonne distillatoire d’un modèle spécial G. La
Térébenthine, préalablement chauffée en A par des vapeurs sortant de
l’appareil puis en B par un faisceau tubulaire, arrive en D au sommet de la
colonne ; elle ruisselle de plateau en plateau en subissant l’action
prolongée de la vapeur injectée à la base et le réchauffement par la double
enveloppe F de la colonne. La colophane qui s’écoule à la base subit un séchage
dans un faisceau tubulaire K et coule sur un filtre qui élimine les dernières
impuretés solides. Cet appareil distille 1.200 kg de gemme à l’heure. Au
cours de la distillation, l’acide levopimarique s’est presque complètement
conversé en acide abietique et on peut fixer à la colophane la composition
suivante :
e –
Composition des essences de Térébenthine : Les
essences de Térébenthine contiennent surtout des carbures terpéniques C10H16
(90%) et des quantités plus faibles (10%) de sesquiterpènes et produits
d’oxydation. Les
principaux carbures terpéniques trouvés dans les essences de Térébenthine
sont les alpha et bêta pinènes, le limonène, le delta 3 carène. Aussi
distingue-t-on plusieurs groupes d’essences de Térébenthine : 1er groupe : les essences à alpha pinène 2ème groupe : les essences à alpha et bêta pinènes 3ème groupe : les essences contenant d’autres terpènes
en quantités importantes 4ème groupe : les essences sans pinène 5ème groupe : les essences sans terpènes.
f – Les
principales essences de Térébenthine 1 – L’essence de Térébenthine américaine Aux
Etats Unis, on récolte la gemme du Pinus Heretophylla (Ell.) sud w. ou Pin de
Cuba, Pinus Palustris Mill (Pinus Australis Michx) « Longleaf » Pinus Echinata
Miller. Ces
diverses variétés de pins poussent dans les états de la Virginie, de la
Caroline du Nord et du Sud et du Mississippi. Pour
la récolte de la gemme, on peut provoquer une entaille oblique profond de 1 à
½ pied du sol, cette entaille servant de réservoir ou s’accumule l’oléorésine
qui s’écoule par ces incisions, ou encore remplacer la cavité profonde sur
le tronc par un récipient en forme de gobelet suspendu au tronc par un clou. La
distillation se fait à feu nu ou à la vapeur. Le rendement est de 20% en
essence. Les
propriétés physico-chimiques sont les suivantes :
Sa
composition chimique est la suivante : 64% en alpha pinène 33% en bêta pinène l camphène dipentène terpinolène méthylchavicol acétate de bornyle pinocarvéol alcool fenchylique.
On
trouve sur le marché américain deux autres essences : l’essence obtenue
par le traitement du bois au sulfure (« refined sulfate wood ») et
l’essence obtenue par distillation du bois.
C’est
aussi par distillation du bois que l’on obtient le « PINE OIL » : d15 = 0.932 à 0.938 nD20 = 1.4790 à 1.4810. Riche
surtout en l alpha terpinéol (70%) à côté d’alpha et bêta pinène, camphène,
l limonène, dipentène, 8 terpinène, trans hydro alpha terpinéol, alcool dl
fenchylique, l bornéol, camphre, cinéol, verbenone, méthylchavicol, anéthol
(?), sesquiterpènes. 2 – L’essence de Térébenthine française En
France, on obtient la gemme du Pin maritime ou Pin de Bordeaux (Pinus Pinaster
Sol = Pinus Maritima Poir.). On compte 462.000 hectares plantés dans le département
de la Gironde, 516.000 hectares dans le département des Landes, 100.000
hectares dans le Lot et Garonne et 100.000 en Charente/Dordogne. Nous
avons vu comment se fait la récolte de la gemme et la distillation de
l’essence. Quand on opère à feu nu, la cucurbite de cuivre est à fond plat
ou légèrement bombée, d’une capacité de 300 litres et la distillation dure
une heure. Le rendement est de 20% en essence de Térébenthine et 70% en
colophane. La
production annuelle dans les années 1937-1938 a été de 20.000 tonnes et dans
les années 1949-1950 de 15.000 tonnes. L’essence de Térébenthine française
possède les caractéristiques physiques suivantes :
Elle
contient 63% d’alpha pinène laevogyre, 26.5% de bêta pinène, du dipentène
et de l’alpha limonène, à côté d’un sesquiterpène, de caryophyllène,
longifolène, une cétone, l’hydrate du pinol et le pinol. 3 –
L’essence de Térébenthine autrichienne Qui
est obtenue à partir du Pinus Nigra L. (Pinus Laricio Austriaca Endl) qui passe
en Basse Autriche sur le territoire de Vienne/Neustadt. Le rendement en essence
de Térébenthine est de 16.5% et en colophane de 64%. Les
propriétés sont les suivantes : d15 = 0863 à 0.870 alpha d = -36°30 à -39°10 nD20 = 1.46905 à 1.47033 soluble dans 6 vol. d’alcool à 90°
Elle
est riche en l alpha pinène (96%) à côté de d limonène, bêta pinène, carène,
un ester, des produits d’oxydation et d’un sesquiterpène. 4 – L’essence de Térébenthine grecque Est
obtenue à partir du Pin d’Alep (Pinus Halepensis Mill.). Le
rendement en essence de Térébenthine est de 20 à 26% et en colophane de 70%. Voici
ses propriétés physiques : d15 = 0.8605 à 0.8680 alpha d = +34° à +48° nD20 = 1.4630 à 1.4740 soluble dans 7 vol. et plus d’alcool à 90°
Elle
est riche en d alpha pinène (alpha d = +40°23) (95%) à côté d’acétate de bornyle (1%), d’un
sesquiterpène (3 à 4%). 5 – L’essence de Térébenthine soviétique Est
obtenue à partir du Pinus Silvestris L. qui pousse en Russie soviétique. Les
principaux lieux de production sont : Vladimir, Kasan, Kostroma,
Nijninovgorod dans la région de la Volga, Vilna, Wolhynie, Grodno, Kowno,
Minsk, Mohîlew dans le Nord, Arkhangelsk dans l’extrême Nord et
Poizirk-Ivkutsk dans le Sud-Ouest de la Sibérie. Le
gemmage de l’arbre se prolonge pendant une période allant de 60 à 80 ans. La
distillation s’effectue dans des alambics chauffés à feu nu. Dans
les années 1925-1926, on a traité 176/373 tonnes de térébenthine. Voici
les caractères physiques d’une essence de Térébenthine soviétique :
Elle
contient du d alpha pinène (environ 87%), l’alpha pinène (0 à 6%) du dipentène,
l limonène, d delta 3 carne (14 à 32.5%), l camphène (5%), l phellandrène
(5%), bêta myrcène, terpinéol, acétone. 6 – L’essence de Térébenthine indienne Est
obtenue à partir de Pinus Longifolia Roxb. On exploite les forêts de pins à
l’Himalaya des provinces du Nord-Ouest et du Punjab. Le
rendement en essence de Térébenthine est de 17.5 à 19%. En
1949, l’Inde a produit 525.000 gallons d’essence de Térébenthine (soit
2.630 m3). Ses
propriétés physiques sont les suivantes :
Les
pinènes sont la matière première d’obtention du chlorure de bornyle, de
camphène, de bornéol, de l’acétate de bornyle, du camphre, de l’hydrate
de terpène et du terpinéol. De
plus, au cours de ces dix dernières années, le bêta pinène est devenu le
point de départ de tout un ensemble de synthèses conduisant au linalol, au géraniol,
au citronnellol, à l’hydroxycitronnellal, à la menthone, au menthol et au
nopol. Nous
aurons l’occasion de revenir plus en détail sur ces synthèses. Les essences d’aiguilles de pin On
désigne sous cette dénomination un certain nombre d’essences obtenues à
partir des espèces de Picea, Abies, Larix et Pinus. Parmi
ces essences, l’essence d’aiguilles de Pin de Sibérie (Abies Sibirica
Ledeb.) est la plus connue. Cet arbre occupe un vaste territoire en Union Soviétique
septentrionale, en Sibérie et en Mongolie. La distillation des branches
terminales dans des alambics assez rudimentaires donne, avec un rendement
variant de 0.84 à 1.25%, une essence contenant 40 à 50% d’acétate de
bornyle. Avant la première guerre mondiale, la production était de 100 tonnes
par an. En 1925-1926, elle a été de 240 tonnes. Propriétés
physico-chimiques de l’essence :
L’essence
peut être fraudée avec le Pine Oil et l’acétate de bornyle de synthèse. On
a trouvé l’alpha pinène et bêta pinène, l camphène (10%) dipentène,
alpha phellandrène, acétate de l bornyle qui est le principal constituant (30
à 40%), l’acétate de terpenyle, le santène (3 à 4%) et le bisabolène. On
utilise cette essence dans le parfumage des savons de toilette, des préparations
pour bains, dans les désinfectants, aérosols, etc.… Les essences d’aiguilles de pin sauvage On
les obtient à partir des rameaux de Pin sauvage ou Pinus Silvestris L. On
distingue les essences de différentes origines : allemandes, suédoises,
anglaises et soviétiques. L’essence
allemande est obtenue avec un rendement de 0.15 à 0.55%. D’odeur
balsamique, elle possède les caractéristiques suivantes :
Cette
contient du d alpha pine, du d sylvestrène (carène), dipentène (?), cadinène,
un alcool (bornéol ou terpinéol). L’essence
suédoise est obtenue avec un rendement de 0.22% en Décembre et 0.35% en Juin.
Elle contient 60% de terpènes (d alpha pinène, bêta pinène, dipentène,
limonène, alpha et bêta phellandrène, delta 3 carène) et de l’acétate de
bornyle à côté de cadinène et d’un sesquiterpène tricyclique. Les essences de bois de cedre Connues
depuis la plus haute antiquité – les égyptiens s’en servaient déjà au
cours des opérations de l’embaumement – ces essences sont décrites par Hérodote,
Dioscoride et Pline. On
distingue les essences de Bois de Cèdre du Liban, de l’Himalaya et de
l’Atlas. a – L’essence Bois de Cèdre du Liban Est
obtenue à partir du Cedrus Libani Barr. (Cedrus Libatonica Lk, Pinus Ledrus L.,
Abies Cedrus Poir.) qui pousse dans les montagnes de Syrie et du Liban. Le
rendement en huile essentielle est de 3.5 à 6%. Ses caractéristiques sont les
suivantes :
soluble dans 1 vol. alc. 90% b – L’essence de Cèdre de l’Himalaya Est
obtenue à partir du Citrus Deodora poussant dans la chaîne de l’Himalaya,
les montagnes d’Afghanistan et le Béloutchistan. On distille les feuilles
(0.056% d’essence) et le bois (2.5%). L’essence
de bois possède les caractéristiques suivantes :
L’essence
contient un alcool sesquiterpénique, de l’alpha et gamma atlantone, 1 méthyl
4 acétyl cyclohène 1 (8 à 10%), un phénol, esters des acides butyriques,
caproïques, œnanthique et stéarique, la p.méthylacétophénone, p.méthyltetrahydroacétophénone,
alpha et bêta himalachène. c – l’essence de Cèdre de l’Atlas Est
obtenue à partir du Cèdre Atlantica Manetti qui pousse en Afrique du Nord, en
Algérie et au Maroc. L’essence de feuilles est obtenue avec un rendement de
0.25 à 0.48% :
L’essence
de bois est obtenue avec un rendement de 3 à 5%. Voici ses caractéristiques :
Cette
essence contient de 1 méthyl 4 acétylcyclohexène (environ 1%) de l’acétone,
p.méthyldelta3 tetrahydroacétophénone, d cadinène, alcools sesquiterpéniques
bi et tricycliques, alpha et gamma atlantone, cétone monocyclique C15H22O2, cédrol,
cedrène. |